Les Reines du Stade : première mi-temps

Alors que nos Rouge et Noir sont sur le point d’atteindre le premier quart de la saison, Radio Roazhon profite de cette trêve internationale pour évoquer un sujet qui nous tient à cœur : l’émergence du public féminin au Roazhon Park . Car oui, le Stade c’est un endroit d’émotions, de partage et aussi de rencontres. Depuis plusieurs saisons, les épopées européennes ont créé une véritable bulle autour de la sphère rennaise, un monde que les non initié(e)s ne peuvent pas comprendre. Parmi les supporters toujours plus nombreux au stade, nous remarquons de plus en plus de supportrices qui prennent part à la fête et donnent de la voix en tribune populaire ou ailleurs.

Cet article sera composé en deux parties.

Des supportrices de plus en plus nombreuses

De plus en plus de femmes au Roazhon Park : oui mais pas seulement. En effet comme le révèle un sondage réalisé par IPSOS en 2019, trois Françaises sur dix se déclaraient intéressées par le football en général. Une tendance en nette augmentation (+50% sur les deux années avant le covid), possiblement dûe en partie à la ferveur liée à la victoire en Coupe du Monde. Peut-on aussi y voir un effet avec les résultats en constante progression du Stade Rennais ? L’épopée en Europa League et la victoire en Coupe de France a certes propulsé le club sur le devant de la scène c’est indéniable, mais nous remarquons que cela s’observe également ailleurs.

A l’aide de l’outil Facebook Audience Insight, nous avons pu mesurer la proportion de comptes Facebook de sexes féminins aimant les pages des comptes de Ligue 1. Nous observons donc avec le graphique ci-dessous que le Stade Rennais figure quatrième de ce classement. Certes les likes Facebook ne déterminent pas complètement la proportion de fan mais cela peut tout de même être un indice intéressant à étudier. A noter que Montpellier compte plus de supportrices que de supporters sur Facebook, Nice fait part égale.

Côté Rennais, cette place est tout à fait honorable. Plus encourageant encore, nous observons une évolution très importante depuis deux saisons. En 2019, 26% de ces likes étaient féminins, 39% désormais. Est-il possible de relier cela à la présence croissante de supportrices au Stade ? Peut-être…

Qu’elles aient été bercées petites par le Bro Gozh ou plus récemment converties, Radio Roazhon a en tout cas décidé de consacrer un article à ces femmes que l’on retrouve tous les week-end Route de Lorient mais également lors des déplacement ou encore sur les réseaux sociaux. A travers leurs témoignages, quatre supportrices vont nous raconter leurs premiers souvenirs en Rouge et Noir, leurs meilleurs et pires moments ou encore leurs rituels de matchs. L’idée de cet article étant bien évidemment de les saluer mais également que vous puissiez vous retrouver dans ces témoignages et pourquoi pas franchir le pas de venir voir un match.

Mais quelle est donc la raison qui décide une supportrice à franchir le pas et à venir au Roazhon Park ? C’est justement cette question que nous avons posé à Laura, Léa, Manon et Océane. Elles, pour le coup, sont initiées depuis plusieurs années. Elles sont âgées de vingt à vingt-neuf ans et vont vous raconter à leur manière leurs aventures et leurs liens avec le Stade Rennais.

Des supportrices de la première heure

Pour commencer, Laura est une Rennaise pur beurre de 24 ans et liée aux Rouge et Noir depuis 2011. Léa est une étudiante en psychologie de 20 ans et abonnée en tribune Mordelles depuis désormais 4 ans. Manon, 24 ans, est elle chargée de communication multimédia et présente sur Twitter sous le pseudo de Roazhon Girl. Elle est piquée par le Stade Rennais depuis ses 8 ans. Enfin, Océane culmine à 29 printemps. Originaire de Bains-Sur-Oust à côté de Redon, elle travaille dans le secteur immobilier sur Rennes depuis plusieurs années.

Maintenant que les présentations sont faites, il est temps de connaître leur premier souvenir. Pour commencer, Laura se souvient de la passion de son père et de son frère : « Les premiers souvenirs que j’ai du stade rennais avant même d’aller au Roazhon Park ce sont d’entendre mon père et mon frère en parler. Je dessinais sur les posters de mon petit frère je rigolais même quand il rentrait du stade en pleurant parce que Rennes avait perdu… ». La légende raconte que c’est désormais elle qui pleure quand le Stade Rennais a perdu (on demandera confirmation à notre tour de contrôle préférée dans la région). « Mon père m’a toujours dit qu’il fallait que je vienne voir un match au stade et que ça allait me plaire. Ce jour est arrivé en mai 2011, un Rennes Nancy où on perd 2-0. Il faut croire que le score ne m’a pas découragé de revenir. Je me souviendrai toujours de l’effet que ça m’a fait de rentrer dans le stade pour la première fois. J’avais trouvé ça impressionnant et je me suis tout de suite sentie « comme à la maison ». Et à partir de ce moment-là , j’ai commencé à suivre tous les matchs avec intérêt. »

Océane et Manon ont quant à elles un souvenir au Stade de la Route de Lorient ! Pour la première, son papa lui avait fait une surprise, celle de « de l’accompagner à Rennes pour un rendez-vous médical et finalement m’amener au stade pour voir les joueurs à la journée des abonnés. Il s’était donc abonné et c’est à ce moment-là que la belle histoire d’amour avec le stade a commencé pour moi. » Pour la seconde, c’est également son papa qui l’avait amenée au Stade pour un Rennes-Saint-Etienne lors de la saison 2006-2007 : Score final 0-0, ça ne s’invente pas, le virus était choppé.

Le souvenir de Léa est plus récent et concerne le Roazhon Park. Accompagnée par son acolyte de toujours Maïwenn, supportrice depuis son plus jeune âge, elles ont assisté ensemble au derby Rennes-Nantes de 2017. Ce jour-là, Wahbi Khazri avait inscrit un doublé sur un scénario spectaculaire (libération à la 89e), plutôt sympa comme entrée en matière. Le regretté Sala avait d’ailleurs transformé un pénalty auparavant. Au delà de ça, les deux amies se souviennent d’avoir été impressionnées : « On avait toutes les deux 16 ans et on regardait avec fascination le kop et le stade se soulever à chaque but ». Pour Léa, la passion est venue progressivement, jusqu’à ce match : « Au collège j’avais plusieurs amis qui suivaient le Stade Rennais donc je m’y intéressais un peu grâce à eux. Et quand j’ai pu goûter au plaisir d’aller voir un match tout s’est enchaîné très vite, les émotions sont tellement simples, fortes et intenses, comment résister ? »

Elles sont toutes les quatre abonnées

Manon vit pour sa part sa première saison en tant qu’abonnée : « Pourtant supportrice depuis 15 ans, je me suis abonnée seulement cette saison. J’ai pu le faire ayant un boulot stable proche de Rennes. Avant avec les études, que je ne faisais pas à Rennes, c’était trop compliqué. » juge-t-elle.

Léa, elle, est abonnée depuis maintenant quatre saisons : « Encore une fois c’est grâce à mon amie Maïwenn, après m’avoir emmenée voir 2 matchs lors de la saison 2017-2018 elle m’a demandé si je voulais bien m’abonner avec elle en Mordelles bas. Elle s’était abonnée début juillet et m’a proposé l’idée en août. Fin août j’étais abonnée et depuis rien n’a bougé ! ». Forcément, quand on est piqué(e) et qu’on y prend goût, c’est compliqué de s’en défaire.

Mon père ne voulait même pas se réabonner en 2014, c’est moi qui ai insisté pour pas qu’il ne se désabonne.

Laura, abonnée depuis 2015.

Océane s’est abonnée « naturellement » : « J’ai travaillé à la boutique de stade, mon papa était lui abonné et puis j’habite pour ma part à quelques pas du stade donc c’est simple de se rendre aux matchs. »

Enfin, Laura connaît sa septième saison en tant qu’abonnée : « Je suis abonnée depuis la saison 2015/2016. Ce n’est pourtant pas la période où le stade rennais gagnait le plus d’abonnés surtout après les finales perdues de 2013 et 2014 auxquelles j’avais assisté. Mon père ne voulait même pas se réabonner en 2014, c’est moi qui ai insisté pour pas qu’il ne se désabonne, car quand on avait des places supplémentaires elles étaient pour moi. Je ne voulais pas arrêter d’aller au stade et à l’époque je n’avais pas le permis. »

De plus en plus de supportrices en tribunes

Le constat de Léa, nous sommes probablement nombreux à le partager et c’est pour cette raison que nous avons décidé de réaliser cet article. Mais comment les supportrices présentes avant cette saison le vivent ? Y sont-elles sensibles ? C’est la question que nous leur avons posé. Léa, justement, s’en réjouit et voit cela comme une avancée : « Après 4 saisons en Mordelles, j’ai pu voir le nombre de filles en tribunes fortement augmenter. C’est vraiment une bonne chose car en 2021 il est, je pense, grand temps de casser tous ces codes qui bloquent les femmes dans leurs passions, leurs envies. » Le constat est le même pour Laura, fidèle à la Mordelles depuis de nombreuses saisons. Elle y voit tout de même encore du chemin à parcourir : « Oui forcément je suis sensible au fait qu’il y ait de plus en plus de femmes au stade. On voit que les mentalités commencent à changer sur le foot et les femmes. J’ai envie de dire qu’être une fille et aller au stade c’est presque enfin normalisé. Sur les réseaux sociaux en revanche, on voit que le chemin est encore long. »

Comme je le dis toujours, je n’ai jamais été autant ravie de faire la queue pour aller aux toilettes.

Manon ironise sur la présence toujours plus croissante des supportrices au Roazhon Park.

De son côté, Manon y est aussi très sensible et ironise : « Oui bien sûr c’est quelque chose auquel je suis sensible forcément, comme je dis toujours je n’ai jamais été autant ravie de faire la queue pour aller aux toilettes (😂). C’est important que ce sport puisse se démocratiser de plus en plus, prouver que ce n’est pas seulement un sport d’hommes, que les filles et femmes peuvent éprouver du plaisir à aller voir un match et qu’elles peuvent aussi s’y connaître autant que les garçons/hommes. »

Enfin pour Océane : « Cela montre aussi que l’image de la femme dans le football évolue, la croissance du football féminin, la présence d’arbitre féminin, les supportrices… Même s’il reste du chemin avant l’égalité, la place d’une femme dans un stade est tout aussi justifiée que celle d’un homme. »

Elles sont toutes unanimes, l’évolution de la parité en tribune est une grande avancée pour toutes et tous. Si le sport a pour valeurs le partage, le plaisir et les rencontres, il est très important que cela soit accessible pour toutes et tous en tribunes. Ainsi, le Roazhon Park ne fera qu’un pour motiver ses troupes.

Suite de l’article mercredi.

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