Est-ce que le Stade Rennais peut être relégué cette année ?

On met les pieds dans un plat très chaud ! A l’heure ou nous publions il n’y a aucune confirmation officielle au sujet d’un changement de direction ou d’entraîneur. Rappelons néanmoins qu’un tel bouleversement n’apporte aucune réelle garantie sur la fin de la saison. Il faudra revoir et juger nos prédictions à la suite de ce déjà décisif Rennes – Lille

A la suite du premier véritable match raté contre Caen nous nous étions posés cette question. L’article devait commencer comme cela :

Mon dieu ! Mais qu’est ce que c’est que cette question débile ? On frôle l’indécence là quand même non ? Il y a vraiment des gens pour se poser cette question ? Maintenant ? Après seulement huit journées ? Qu’est ce qu’on lit pas comme âneries sur le net …

Des supporteurs rennais avaient donné leur sentiment. La réponse était unanime : non le club bretillien n’est pas un candidat sérieux à la relégation. Nous avions également sondé des supporteurs de clubs habitués à un challenge similaire, du coté des messins on avait une gêne certaine à se prononcer : non c’est improbable même si ce début de saison illustre le beau gâchis rennais et l’incompétence de sa direction. Du coté des supporteurs angevins ou strasbourgeois on mettait en avant un recrutement intéressant, l’expérience et le budget de Rennes comparés à ces deux clubs. Toujours ces histoires de gros sous qui coupent court à toute vision fataliste de la situation et puis surtout il y aura toujours trois clubs pour faire moins bien !

Dans l’esprit de tous, le Stade Rennais n’est pas configuré pour jouer le maintien. Plusieurs arguments se détachent : ce n’est pas son histoire récente, ce n’est pas en accord avec ses investissements lors du mercato estival et surtout ce n’est pas cohérent avec un budget qui le place dans le top 10 français. Personne ne semble vraiment croire à une relégation des Rouge et Noir. On se moque souvent de ce club, devenu à la suite de ses défaites en finales de coupes et de son inconstance en championnat l’étendard de la lose dans ce championnat de Ligue 1. On ne compte plus les posts Facebook qui se gaussent du Stade, de son potentiel et de ses résultats parfois calamiteux mais depuis que la D1 est devenue la L1, Rennes ne l’a jamais quittée. Sur les 14 dernières saisons le Stade Rennais n’a fini que deux fois au-delà de la dixième place. On se moque donc d’une prétendue ambition financière et sportive contredite par des résultats en dent de scie et souvent incohérents. Qui aime bien châtie bien n’est ce pas ? Oui mais depuis …

Depuis il y a eu ce piteux Celtico©, cette défaite cauchemardesque à Guingamp où Rennes perd d’ordinaire pas ou peu. Alors pour les supporteurs c’est la prise de conscience brutale et un réveil avec la barre au crâne. Et sur les forums on voit fleurir cette prédiction lapidaire : on y va tout droit !

Autopsie d’un club en crise

1 – La rupture

Depuis le retour aux affaires du duo Ruello-Gourcuff une certaine angoisse gagne les supporteurs historiques des Rouge et Noir. Nombreux sont ceux qui soulignent que les expériences précédentes n’avaient pas été une franche réussite et certains ont eu le « mérite » de mettre en garde depuis le début : n’oublions pas les enseignements du passé, cet attelage n’a jamais réellement fonctionné et il est peu probable qu’il le fasse aujourd’hui. Au-delà de ces oiseaux de mauvais augure une rupture réelle est née entre la direction et les supporteurs. Particulièrement à la suite d’un mercato hivernal en forme de purge au court duquel plusieurs joueurs performants et appréciés des supporteurs ont fait leur valise. Mais c’est surtout la communication nébuleuse du président Ruello qui a accentué le trouble. Celui-ci n’a jamais une vision fixe et définitive des événements, il avait d’abord justifié les départs de Ntep et Grosicki par des raisons légitimes de contrat et d’argent (encore et toujours) avant d’expliquer que c’était surtout une histoire de dispositif tactique. Il a défendu le salary cap avant d’y mettre fin à l’entame de cet exercice. Il a estimé nécessaire de réduire la voilure mais encore aujourd’hui l’effectif du Stade est pléthorique (même si l’on compte les jeunes) et pas foncièrement qualitatif. Il vient de lapider l’arbitre de la rencontre contre Guingamp et déjà ses déclarations sont contredites. Quand bien même il l’aurait déjà été, René Ruello n’est plus en odeur de sainteté auprès du public Rouge et Noir. Quant au coach, contesté dans son obstination tactique par les supporteurs, c’est désormais avec les journalistes que les chosent se tendent, une conférence de presse écourtée, une lassitude visible, une stratégie d’évitement constante. A ce jour les demandes de démission des deux amis ne cessent de fleurir et plus que jamais leurs destins semblent liés.

2 – Un parcours de relégable

Pierre Ménès n’est pas si différent des autres fans de foot, pour lui également le Stade Rennais n’est pas un candidat au maintien. Il le dit entre deux soupirs dans une interview récente (avant Guingamp) où il s’inquiète une nouvelle fois de la direction que prend ce club (voir même de la direction de ce club tout court). Il le dit et il n’y a aucune raison de remettre en cause l’analyse d’un spécialiste qui semble apprécier cette équipe : Rennes ne joue pas encore le maintien. Mais tout est une question de chronologie. De quelle date partir pour étayer ces propos ? Une statistique terrible circule depuis deux matchs : sur l’année 2017, Rennes n’a gagné que 5 matchs sur 28 en championnat. Avec un bilan famélique de 6 points en 9 matches depuis le début de saison, le Stade Rennais a de fait un parcours de relégable.

3 – Une défense friable, une attaque aphone

Depuis quelques années Rennes avait basé ses certitudes et son jeu sur une défense de qualité. Au mercato estival il a d’abord fallu digérer le départ libre de Costil qui venait de réaliser sa meilleure saison. Les supporteurs craignaient également les départs éventuels de Gnagnon et Benseibani auteurs tous deux d’une saison très prometteuse. Aujourd’hui Gnagnon est trop inconstant et peine à retrouver cet élan qui avait fait de lui un énorme potentiel en défense centrale, et nous connaissons ses qualités… Benseibani est apparu en grande difficulté sur le début de saison et Mexer est comme trop souvent blessé. Désormais, c’est le jeune G.Nyamsi qui semble s’associer le mieux à Gnagnon; en effet, les deux grands défenseurs ont évolué ensemble chez les jeunes. De plus, en neuf matchs, Rennes a déjà essayé trois gardiens différents et même si il semble avoir l’étoffe d’un numéro un Koubek ne parvient pas à sauver le navire du naufrage. Depuis la préparation le Stade Rennais n’a réalisé qu’un seul match sans encaisser de buts, contre Brest en amical. En attaque avec l’inacceptable blessure de Sarr, Rennes est désormais démuni. Depuis plusieurs saisons les supporteurs réclament un véritable numéro 9. Ruello avait joué la surenchère durant la pré-saison expliquant que le Stade était en mesure de débourser une grosse somme pour en attirer un. On a tout mis sur Sarr, on connaît la suite. Rennes ne marque plus et on peine à savoir qui est désormais en mesure de scorer au sein de l’effectif. Contre Guingamp, les Rouge et Noir n’ont réalisé aucun tir cadré, inquiétant…

4 – Une poisse tenace ou la thèse du maraboutage

Depuis le début de saison Rennes n’est pas payé. Vraiment. Entre des scénarios défavorables (Toulouse, Nice, Lyon), des décisions arbitrales salées (expulsions de Amalfitano et Khazri), les blessures récurrentes et longues de ses rares joueurs d’expérience (Gourcuff, Mexer, Prcic) ou de sa pépite (Sarr), et des erreurs d’arbitrages préjudiciables (St Etienne, Caen et Guingamp), le Stade Rennais a tout du club poissard qui fini par mordre la poussière. Attention au barrage !

5 – Une équipe qui n’est pas taillée pour jouer le maintien

On l’a dit même après une défaite sèche contre Guingamp il y a une forme d’irréalité à aborder la question du maintien à Rennes. La plupart des supporteurs de la jeune génération n’ont même jamais connu le club en Ligue 2. On se moque souvent du Stade mais c’est peut être justement car celui-ci a acquis ce « droit » par sa longévité en Ligue 1 et surtout parce qu’on l’imagine toujours plus compétitif et ambitieux qu’il ne l’est réellement. Le club s’est maintenu dans l’élite grâce à son actionnaire et un budget satisfaisant. Désormais c’est cette richesse qu’il porte comme un fardeau et qui ouvre la brèche aux railleries. Il serait un peu inconvenant de tailler un « petit » club qui débarque ou qui fait le yoyo. L’effroyable série messine semble laisser le monde de la L1 assez froid, une question d’habitude pour les lorrains et on est pas sur la même grille de salaire ! Non vraiment c’est le Stade Rennais qui fait la une. Rennes en L2 soyons honnêtes ce serait une sacré déflagration. On le redit, les Rouge et Noir c’est 24 saisons d’affilé dans l’élite, c’est pas Gijón, c’est pas Amiens. Et c’est peut être justement ça le problème, l’équipe n’est pas taillée pour jouer le maintien, elle n’est pas prête pour ce championnat si spécifique du bas de tableau. Les cadres d’expériences à la Balmont, Nivet ou Hilton sont trop souvent blessés et les jeunes n’ont aucune expérience de la Ligue 1 et de ses âpres joutes.

Rupture entre la direction, le coach et les supporteurs, envahissement de terrains, menaces et demandes de démission, un parcours catastrophique depuis début 2017, une défense trop fébrile et une attaque trop balbutiante, une scoumoune terrible et une équipe qui n’est pas configurée pour jouer le maintien … non décidément il ne manque plus qu’un limogeage du coach, une sanction administrative et une blessure de Mubele pour qu’on puisse l’affirmer avec force : on y va tout droit !

Fab’ (ou Jésus pour les intimes)

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