Entraînements à huis clos : un juste équilibre à trouver

Sur les réseaux sociaux, le mercredi 27 octobre dernier, le Community Manager du Stade Rennais donnait rendez-vous aux supporters et supportrices le vendredi suivant, à La Piverdière, pour la séance d’entraînement de leur équipe favorite. Cette invitation a fait de nombreux ravis dans la communauté rouge et noire ; annonce que certains attendaient d’ailleurs depuis des semaines

La dernière séance d’entraînement ouverte au public remontait en effet à la fin du mois de février 2020, avant le début de la pandémie, c’est-à-dire une éternité dans la vie d’un supporter. Mais si le huis clos continuel était justifié dans un contexte sanitaire dégradé et incontrôlé, on pouvait espérer que le déconfinement, la campagne de vaccination, l’instauration du passe sanitaire ainsi que la réouverture des stades au public, auraient permis à nouveau aux personnes qui le désirent d’assister aux entraînements collectifs. Depuis le début de la saison 2021/2022, les joueurs de l’équipe professionnelle continuent pourtant de s’entraîner à l’abri des regards. Ces dernières semaines, cette « politique du huis clos », voulue par le club, est de plus en plus critiquée par les journalistes de la presse locale. À Clément Gavard (So Foot), entre autres, de publier le message suivant sur son compte Twitter, le 25 octobre : « Vacances de la Toussaint, pas de matchs en semaine, mais toujours aucune séance d’entraînement ouverte au public à la Piverdière depuis mars 2020. Tout va bien ». Un mécontentement qui rencontre un fort écho chez les supporters présents sur les réseaux sociaux. L’un d’entre eux, vraisemblablement en colère, réagissant ainsi à la publication du journaliste précité :

https://twitter.com/gege35830/status/1452918894520381441

En réaction à ce mécontentement grandissant, la direction du club a donc décidé d’ouvrir La Piverdière au public dans le cadre des vacances scolaires. Le journal Ouest-France rapporte qu’environ 300 personnes, « dont beaucoup d’enfants et de jeunes », sont venues assister au premier entraînement public de la saison. Cette mesure annonce-t-elle pour autant la fin du régime du huis clos ?
La lecture du programme de la semaine du 1er au 7 novembre 2021 laisse penser que non. Toutes les sessions d’entraînement doivent encore se dérouler sans public, au cours d’une semaine marquée par les matchs face au NŠ Mura et à l’Olympique Lyonnais. L’entraîneur Bruno Génésio souhaite-il préparer sereinement ces deux rencontres qui s’annoncent décisives en Europa Conference League et en championnat ? Ou bien le club compte-t-il poursuivre sa politique du huis clos, qu’il pourrait lever de temps à autre pour ne pas se couper entièrement de ses supporters ? Toujours est-il que l’incompréhension reste le sentiment qui domine parmi les supporters. Quelques éléments peuvent nous aider à formuler un début d’explication face à cette situation qui interpelle beaucoup de monde…

Le régime du huis clos est, semble-t-il, le vœu de l’équipe technique et, en premier lieu, de l’entraîneur lui-même. Quand il était encore sur le banc de l’Olympique Lyonnais, Bruno Génésio privilégiait déjà les séances d’entraînement sans public. Dans un article publié le 19 mars 2019, intitulé : « Entraînements à huis clos : la nouvelle lubie des grosses écuries », Le Progrès rappelle que ce système avait été importé d’Angleterre en 2006 par Gérard Houllier, entraîneur de l’Olympique Lyonnais, afin de permettre à ses joueurs de préparer plus sereinement le prochain match. Ses successeurs à ce poste – et notamment Claude Puel et Rémi Garde – y avaient ensuite recouru de manière plus fréquente. Mais ce fut bel et bien sous l’ère B.G., précise l’auteur de l’article, que la pratique du huis clos devint la règle du côté de l’ancienne capitale des Gaules : « Bruno Génésio, ciblé sur la toile par de nombreux détracteurs, a préféré bloquer complètement l’accès des supporters aux entraînement ». Le huis clos était donc devenu un moyen, pour l’entraineur, de se protéger d’un public hostile sinon agressif. 

En définitive, il conserve un très mauvais souvenir de ses dernières séances d’entraînement effectuées en présence d’un public. On pourrait même parler d’un traumatisme le concernant. Cependant, la séance du 29 octobre dernier s’est parfaitement bien déroulée. Lors de la conférence de presse d’avant-match entre Troyes et Rennes, il a confié avoir été agréablement surpris d’avoir vu « un public très discipliné ». « Je m’attendais à… à avoir plus de bruit, et en fait non, donc… On se reverra comme ça… », finit-il par dire, avec un léger sourire gêné. Il faudra sans doute être patient pour que le régime du public redevienne à nouveau la règle à La Piverdière.

En attendant, Bruno Génésio a pu constater que les supporters du Stade Rennais n’étaient pas ceux de l’Olympique Lyonnais. Il paraît essentiel, néanmoins, que le club rédige assez vite un communiqué en bonne et due forme pour expliquer sa politique d’ouverture à la communauté rouge et noire. Ses membres dénoncent autant le caractère confidentiel des séances que l’opacité des décisions qui sont prises en amont. N’existe-t-il pas en effet un risque pour que l’actuelle suspension des activités du RCK91, couplée à l’instauration permanente du huis clos lors des séances d’entraînement, ne vienne mettre un terme à la formidable union qui s’est opérée, ces dernières saisons, entre le club et son public ? Il appartient à la direction de l’institution rennaise et à l’équipe technique de trouver la bonne formule pour parvenir à conserver cette alchimie…

Anthony

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